Croquer un morceau de mouton pour commémorer le sacrifice d’Abraham devient un geste ordinaire qui passe pratiquement inaperçu le jour de l’Aïd el-Kebir. La familiarité avec le mouvement fait qu’il n’étonne plus personne. Pour attirer le moindre regard, il faudrait sans aucun doute faire différent. Les gens de bons conseils demandent quelquefois de l’effilocher lentement, comme on démonte un mur pièce par pièce, avant de l’engloutir dans le gouffre de la bouche. Bien sûr, l’exhortation révèle que mastiquer avec douceur permet de savourer la délicieuse chair dans toute sa profondeur.

Malgré ce côté plaisant, l’Aïd el-Kebir est loin d’être un jeu d’enfant. Appelée Tabaski ou « fête du mouton » au sud du Sahara, elle constitue la plus grande fête du calendrier musulman et se célèbre deux mois et demi environ après le Ramadan. Elle commémore la soumission d’Abraham à Dieu, tout en donnant l’occasion de réunir la famille, les proches et les amis autour d’un buffet. On passe de maison en maison, on rit, on discute joyeusement et on demande pardon pour les offenses. Il est en outre fortement recommandé de manger la viande du sacrifice en pensant à la part des pauvres, des voisins et collègues, de multiplier les aumônes et les cadeaux. Et qui sait si le meilleur cadeau à offrir ne serait pas un bon plat de mouton bien cuisiné ? Les recettes en sont multiples.

Le rouge vif comme couleur de la chair est le premier indice qui détermine le mouton de bonne qualité. La graisse pour sa part peut être soit blanche, soit jaune clair.

La valeur nutritionnelle de la  viande de mouton vient en grande partie de sa richesse en protéines, ainsi que de son apport en acides aminés essentiels non synthétisables par l’organisme humain. A côté, on trouve aussi du fer et de la vitamine B, sans oublier les sels minéraux, les lipides et le cholestérol.

Le choix du morceau détermine le type de cuisson. Généralement, on rôtit ou poêle le gigot et l’épaule ; on saute ou grille les côtes ; la poitrine est destinée au ragoût.

Les céréales et les tubercules accompagnent très bien le plat de mouton. Par exemple, un ragoût de mouton aux pommes de terre et à l’ail serait une bonne décision pour débuter l’après-midi de la Tabaski. Pour les recettes compliquées, faire un tour dans un petit restaurant du coin, de préférence en soirée, ne ferait de mal à personne.

Côté boisson, surtout pas d’alcool ! Le jus d’oseille communément appelé « foléré » fait bien l’affaire. Le « foléré » est une véritable pharmacie naturelle qui lutte contre le cholestérol, les maladies du cœur, l’hypertension, les désordres du foie, les infections respiratoires. Il contient aussi beaucoup de vitamine C et E, de provitamine A, de potassium, de magnésium et de fer.

A défaut d’oseille, on peut se contenter du jus de gingembre, de corossol ou de papaye. Quelque soit le choix, le plus important c’est de se sentir à l’aise et de garder l’appétit jusqu’au bout du repas.  

 

La famille Yaya fête la Tabaski à Maroua - Cameroun